L’économiste français Charles Wyplosz, directeur du Centre international d’études monétaires et bancaires de l’Institut de Hautes études internationales et du développement de Genève, reste sceptique sur les enseignements des stress tests. Réaction à chaud.
LE FIGARO. — Sept banques seulement sur quatre-vingt-onze ont échoué aux stress tests. Ce résultat vous paraît-il crédible ?
Charles WYPLOSZ. — Ce n'est pas le nombre de banques recalées qui permet de juger de la pertinence de ces tests. Ils étaient très attendus pour lever une partie de l'incertitude sur la situation financière réelle des banques. Or celle-ci repose sur des informations qui sont, par définition, confidentielles. Le brouillard ne s'est qu'un petit peu dissipé.
Le résultat des stress tests évalue à 3,5 milliards d'euros les besoins des banques qui ont échoué.
Si cela est vrai, 3,5 milliards, c'est une très bonne nouvelle! Il n'y aurait pas, dans ce cas, de problème pour recapitaliser les banques.
Mais ce résultat vous laisse sceptique…
Oui, je reste sceptique et inquiet vis-à-vis des grandes banques françaises, italiennes et allemandes. Les autorités européennes n'ont pas forcé leurs banques à se recapitaliser. En n'appliquant les pertes des dettes souveraines que sur le portefeuille de trading des banques et pas sur leur portefeuille bancaire, on ne dispose pas d'informations sur les fameux actifs toxiques, liés au marché hypothécaire américain. On n'a pas forcé les banques européennes à reconnaître leurs pertes sur ce marché. Sans ces informations, on reste dans l'inconnu et on ne peut pas estimer si les banques peuvent encaisser un choc supplémentaire lié aux dettes souveraines grecque ou espagnole.
Les tests de résistance étaient-ils assez sévères ?
Non. S'il s'agit de simuler les pires scénarios plausibles, les taux de croissance retenus pour la zone euro, de -0,2% en 2010 et -0,6% en 2011 ne correspondent pas à mon sens à un scénario noir. Par ailleurs, le ratio de stabilité financière minimum retenu était de 6%. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire recommande un ratio de 8%.
Les tests américains sont-ils la référence? Étaient-ils plus sévères?
Ils ont été critiqués comme étant trop doux. Mais ils ont eu le mérite d'être pratiqués tôt. Ils ont évalué les actifs toxiques et ont forcé plusieurs banques à se recapitaliser, ce qui était bien le but.
Finalement, d'après vos premières constatations à chaud, à quoi ont servi ces tests?
Les États européens ont été contraints par les marchés à mener ces exercices. Ils sont un instrument pour savoir que faire avec les banques. Mais ces dernières ont été un peu trop ménagées par les tests européens…
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