Dans les Landes, l’ordinateur n’a pas révolutionné l’école
TECHNOLOGIE ― C’est un fait, l’ordinateur portable et les nouvelles technologies en général ne sont pas encore sur le point de bouleverser l’école. L’enquête commandée sur le sujet, par le conseil général des Landes, le confirme. Dans ce département, des ordinateurs portables sont distribués à tous les élèves de troisième et à leurs enseignants à chaque rentrée, depuis sept ans. Les collégiens peuvent emporter l’outil chez eux et s’en servir comme ils le désirent. Baptisée «un collégien, un ordinateur portable», cette opération a été depuis 2005, élargie aux élèves de quatrième. Convaincu de l’intérêt de cette mesure, le conseil général a tout de même souhaité en mesurer l’impact par une étude approfondie réalisée par l’institut TNS-Sofres. Les résultats de cette étude qui viennent d’être publiés sont assez mitigés.
L’enquête révèle d’abord qu’un peu plus de la moitié des enseignants (57%) déclarent utiliser leur ordinateur à au moins un cours sur deux. Paradoxalement, les élèves ont le sentiment que son utilisation est beaucoup moins fréquente puisqu’ils ne sont que 25 % à affirmer s’en être servi durant la semaine précédente. Pour Henri Emmanuelli, le président du conseil général des Landes qui est à l’origine de cette opération, les enseignants ne sont pas assez formés à l’utilisation des nouvelles technologies. «Ils utilisent leur machine de façon magistrale pour faire des cours ou des exposés et pas d’une manière interactive» explique-t-il. L’élu socialiste en rejette la responsabilité sur le ministère de l’éducation nationale qui ne s’est pas engagé dans cette voie assez tôt selon lui.
Sans grande surprise, on découvre que ce sont les jeunes profs de moins de 45 ans qui utilisent le plus leur ordinateur. Ils sont plus de la moitié à s’en servir à chaque cours. Des chiffres qui font relativiser les résultats globaux plutôt médiocres selon Henri Emmanuelli, car les enseignants des Landes sont plus âgés que la moyenne compte tenu des systèmes de mutation dans l’éducation nationale. Ceux qui rechignent à utiliser l’outil estiment à 53 % qu’ils «perdent trop de temps dans l’installation du matériel» et à 35 % que cela «perturbe la dynamique de la classe». Ce sont les enseignants des matières scientifiques, SVT (sciences de la vie et de la terre) en tête, qui se servent le plus de leur ordinateur en classe. Les enseignants de lettres et de mathématiques ne l’utilisent pour leur part qu’occasionnellement. Les élèves pianotent sur leur portable essentiellement pour «récupérer des documents sur le réseau du collège» (86%) ou pour faire des exercices. Ils ne sont que 27 % à l’utiliser pour faire des recherches sur internet.
Malgré ces résultats plutôt décevants, pour un coût assez important (45 millions d’euros depuis 2001), le président du conseil général des Landes affirme vouloir poursuivre l’opération « un collégien, un ordinateur portable » car au-delà du «simple but pédagogique, elle a aussi permis de réduire la fracture numérique dans un département semi-rural.» Aujourd’hui dans les Landes, l’utilisation de l’ordinateur est comparable à celle des zones urbaines.
Stéphanie Lacaze
Nenhum comentário:
Postar um comentário