domingo, 30 de maio de 2010

Um novo mercado floresce em França

Mettre sa vie en film pour laisser un témoignage à ses proches

Au soir de leur vie, de plus en plus de seniors font appel à des "vidéobiographes", afin qu'ils réalisent un petit film sur eux pour leurs héritiers. "Certains souhaitent leur prodiguer des conseils, comme ne jamais renoncer à ses idées, ne pas se laisser aller face à l'adversité", témoigne Nelly Dussausse, "l'une des premières" à investir le marché de la vidéobiographie.

Elle a fondé la société Famille identité lien, en 2006, parce qu'elle voulait faire des films "qui donnent du sens à une vie". "Telle personne qui a sacrifié sa famille à sa carrière professionnelle souhaite s'en expliquer auprès de ses enfants, mais aussi leur donner la parole", raconte cette jeune femme. Titulaire d'un doctorat ès lettres, autrefois chercheuse spécialisée sur les souvenirs d'enfance, elle est formée par ailleurs à la "thérapie familiale systémique", dont les interventions permettent de "recréer du lien au sein de la famille". "Le tournage prend au minimum trois jours, et je filme tous les membres de la famille, afin qu'il y ait des regards croisés", explique-t-elle. Il faut donc compter au minimum 3 500 euros, bien qu'elle soit "bon marché". A ce tarif, il y a peu de clients.

Mme Dussausse s'est donc à nouveau reconvertie comme directrice d'une école pour enfants précoces, et n'intervient plus qu'à la demande, car elle ne souhaite pas "faire des diaporamas améliorés, comme le proposent désormais la plupart des sociétés sur le marché".

"LEUR VIE MÉRITE UN FILM"

La plupart des offres sont plus modestes : pour autour de 1 000 euros, on peut avoir un film d'une cinquantaine de minutes, centré sur le récit d'un seul personnage - interviewé en une demi-journée -, entrecoupé de plans sur divers documents (actes de mariage, de naissance, diplômes, photos...). "Plus le film est documenté, plus il coûte cher, car il faut numériser tous ces documents", explique Yann Colin, directeur d'Intervie.

Le réalisateur n'intervient guère sur le contenu. "Il se charge seulement de lui donner une construction narrative, avec, en général, un commentaire en voix off, précise M. Colin. On se met d'accord sur la tonalité souhaitée. Mais cela peut être délicat lorsqu'il y a plusieurs commanditaires, les enfants, par exemple, qui ne sont pas d'accord entre eux."

"Je dis à tous mes clients que leur vie mérite un film, qu'ils aient bourlingué aux quatre coins du monde ou travaillé à la Sécu", assure Pascal Galopin, ancien journaliste qui a fondé la société Letempsdunfilm.com. Certains films évoquent seulement une histoire personnelle : c'est le cas de ces triplées, nées en 1936, et dont "personne ne pensait qu'elles survivraient, car elles pesaient moins de 1 kilo", se souvient Barbara Toutain, la fille de l'une d'elles. Elle a fait faire ce film, car elle voulait qu' "il reste quelque chose d'elles" lorsqu'elles auront disparu.

D'autres films ont un lien avec la grande Histoire. "L'un de mes clients m'a commandé un film parce qu'il souhaitait, avant de mourir, transmettre à son frère un message qu'il n'avait jamais osé lui communiquer de vive voix", raconte Jean-Pascal Gauthier, fondateur de JPG-video.com. "Il s'agissait de lui dire qu'il ne lui en voulait pas d'avoir mis, involontairement, sa famille en danger pendant la deuxième guerre mondiale, en s'étant enfui du service du travail obligatoire et en étant rentré chez ses parents où les Allemands étaient venus le chercher."

Rafaële Rivais

Article paru dans l'édition du 25.05.10

LE MONDE

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