domingo, 12 de outubro de 2008

«Entre les murs»: o livro e o filme

Philippe Meirieu faz uma análise do livro «Entre les murs» e do filme que lhe deu origem.

Laxisme ou autoritarisme : en est-on encore là ?

La question de l’autorité sera donc au cœur du débat que va susciter le film. Car nous savons bien que ce film n’arrive pas dans une sorte d’apesanteur sociale et idéologique. Il arrive dans un contexte saturé d’idéologie. Notre société a laissé se développer de tels phénomènes de dérégulation sociale et de surexcitation pulsionnelle qu’elle prend peur devant sa propre jeunesse. Les partisans de l’éducation – qui osent parler de prévention et expliquer qu’une « pédagogie par le projet » avec de vraies ambitions culturelles n’a jamais encore été tentée sérieusement et sur la durée – sont ringardisés systématiquement par les spécialistes du « y a qu’à » dépister, repérer, orienter, médicaliser, sanctionner, réprimer, contenir… « Tenir » : tout est là ! Il faut les « tenir » !

Certes, il n’est pas question de laisser les enseignants à l’abandon sans aucun soutien de leur institution. Les vrais soutiens – et pas seulement l’arsenal des sanctions dont on dispose contre les élèves – font d’ailleurs, souvent, défaut dans l’Éducation nationale… et sont tragiquement absents dans l’établissement du film ! Il n’est pas question, non plus, de regarder sans réagir les débordements dont les professeurs sont victimes, voire d’organiser le naufrage du soldat Marin en lui ôtant tout moyen institutionnel pour contrôler les situations sociales explosives qu’il doit affronter. Cela serait, sans aucun doute, irresponsable. Mais on peut tenter, quand même, de l’aider à organiser des espaces et des temps dévolus au travail intellectuel, des rituels qui permettent de créer des postures mentales de disponibilité aux savoirs, des dispositifs d’apprentissage où les élèves soient véritablement actifs… au vrai sens du terme : intellectuellement actifs, et pas seulement physiquement et psychiquement agités. Rien de facile pour y parvenir. Il faut travailler sans cesse sur le sursis : « Tu as le droit de parler, de discuter et, même, de critiquer, mais à condition que tu prennes le temps de penser. Attendre. Passer par l’écriture. S’inscrire dans des institutions ». Pas de miracle pour y parvenir. Un travail complexe. Avec des avancées et des retours en arrière. Une obstination nécessaire. Une autorité ferme qui désamorce les impulsions et retarde le passage à l’acte. Un vrai travail pédagogique. À mille lieues de tout laxisme, mais aussi de tout autoritarisme. Loin de l’illusion d’une « égalité » radicale entre les élèves et les maîtres, mais loin aussi de l’échec programmé des procédures de dressage social temporaire qui ne font que préparer des explosions psychiques et sociales inévitables.

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