quarta-feira, 17 de dezembro de 2008

Philippe Meirieu: «Cette réforme du lycée n'était pas prête»

Sheebalou: Pourquoi toutes les réformes qui concernent l'éducation subissent un rejet automatique? En tant que lycéen, je pense profondément que le lycée, mais aussi l'éducation en général doivent être réformés.

Philippe Meirieu: On ne peut pas dire que toutes les réformes éducatives subissent un rejet automatique. En particulier, nous avons assisté à plusieurs réformes ces derniers mois qui, malgré l'opposition de beaucoup d'enseignants et les difficultés techniques de mise en œuvre, ont été adoptées et sont entrées dans les faits : les nouveaux programmes dans l'école primaire, la suppression des instituts universitaires de formation des maîtres, la transformation des réseaux d'aide et de soutien aux élèves en difficulté (Rased)...

Ce qui soulève le plus de difficultés, ce sont les réformes qui concernent le lycée. Et en particulier parce que, outre les enseignants, les lycéens s'en emparent et risquent d'ébranler le gouvernement. À mes yeux, si cette réforme des lycées n'était pas prête, et si j'en désapprouve de nombreuses mesures, il est néanmoins absolument indispensable de s'attaquer à une vraie transformation de l'enseignement secondaire.

Pouk : Une réforme du secondaire peut-elle se faire sans l'aval de la majorité des enseignants ?

Philippe Meirieu: Une réforme du secondaire suppose, bien évidemment, un consensus des enseignants. Mais ce consensus peut ne pas exister a priori, et on peut parfaitement imaginer qu'il est obtenu par la concertation, la discussion, l'accompagnement et la formation. Mais je crois aussi qu'une réforme de l'institution scolaire ne peut pas se négocier entre les seuls enseignants et le ministre, ni même en sollicitant l'avis des seuls lycéens. Je voudrais qu'on puisse mettre autour de la même table les représentants des enseignants, des lycéens, des parents, des grandes composantes de la société civile (y compris les confédérations syndicales ouvrières).

L'école n'appartient ni aux professeurs ni aux élèves, elles appartient à la nation. On a trop fonctionné, pour la réformer, avec des parties de bras de fer bilatérales quand il faudrait, à mes yeux, impliquer un plus grand nombre de partenaires. Cela permettrait de relativiser certains débats, et aussi d'imaginer des solutions nouvelles et plus originales.

Fonte: LE MONDE

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